Ce recueil, c’est de la poésie contemporaine, mais moins dans la forme que dans le choix des sujets et la façon de les traiter. Par exemple, Karel Logist écrit directement sur son smartphone. Comme pour s’assurer que dans leur saisie même, ses mots parlent du monde tel qu’il est, tel qu’on l’habite. Mais surtout tel que lui l’habite. Car c’est bien un autoportrait qu’il nous offre, le portrait de quelqu’un qui a voué sa vie aux mots et qui regarde le monde depuis un étonnement jamais passé. Certes, on sent de la lassitude et de la tristesse. Certes, bien des choses emmerdent le poète. Mais la grande force de ces 69 selfies flous est de ne jamais verser dans la désespérance. Au contraire, ils nous rappellent que la vie a « besoin d’être aimée et envie d’être désirée, de prendre le vent de face, de sentir et de consentir, de se savoir surprise ». En ces temps incertains, qui n’y souscrirait pas ?
Karel Logist est né à Spa en 1962, d’une mère allemande et d’un père flamand. Depuis Le séismographe, son premier recueil (1988), il a publié une douzaine de titres et a eu la chance de voir plusieurs de ses livres primés, en Belgique comme à l’étranger. Documentaliste à l’Université de Liège depuis vingt ans, il mêle à l’écriture de ses carnets de doute, en prose comme en vers, l’air et l’écho du temps qui passe. Karel Logist est également critique littéraire et animateur d’ateliers d’écriture.