L’essence des sens est le thème qui nous a portés, nourris, touchés et désaltérés depuis le printemps dernier. Explorer nos perceptions sensorielles, partager nos faims et nos soifs, retrouver en soi la candeur joyeuse de l’enfant au pays des simples merveilles. Laisser notre corps nous guider, nous ancrer dans un réel à portée de main, de bouche, de regard et d’écoute, dans des minutes heureuses à renouveler au quotidien. Accueillir… Le petit bol de thé dans les mains ouvertes, la framboise, le morceau de pain sur la langue, le chant de l’étranger, le parfum du chocolat fondu, la paume de l’autre contre la sienne… Se réveiller, se redécouvrir plus vivant, tout en découvrant l’autre, dans la conscience du moment présent qui se déploie et se dépose. Et se laisser toucher… Au-delà des sens ouverts : ressentir. Car les sens sont les fenêtres du corps qui s’ouvrent sur le monde extérieur et sur notre intériorité. Quelle est donc cette essence, cet essentiel qui se révèle alors, à l’intérieur et relie les saveurs, les couleurs, les textures, les odeurs et les voix du monde à notre propre profondeur ? Et comment, dans un poème, un dessin ou une peinture, exprimer cette joie, cette jubilation, ce ravissement, cet émerveillement, ce bouleversement parfois, nés de cette rencontre ? Telle fut notre invitation, au gré des ateliers menés avec des groupes d’enfants, de jeunes et d’adultes. Le sixième sens que certains nomment intuition, ou poésie, est peut-être ce « supplément d’âme » à cet état d’être « éveillé », celui qui nous apprend à voir, toucher, goûter, entendre, respirer le monde au-delà des apparences, et suffit-il peut-être de l’effleurer pour qu’il révèle son chant, sa danse, et de nouveaux enchantements ?