« Je t’invite à entrer dans le grand secret de ma solitude.
Appelle-moi, le heurtoir de mon âme chante.
Deux hommes dans la même pièce, la même rue, le même train.
Deux corps par les mains qui se joignent, abolissent le silence des étoiles.
Deux bouches aux mots usés comme fleuves qui touchent au rêve de la mer.
Deux abîmes referment un pli noir dans le ciel.
Un malentendu bienfaisant, une impossible conjonction de rêves, de paroles.
Une eau tiède et parfumée pour la soif de sable du coeur qui attend.
L’explication, la raison, la couleur, la saveur, le chaud, le froid, le tumulte des entrailles, les songes qui travaillent sous le globulement grondant des yeux, la fournaise des pensées qui dansent dans le coeur. » Serge Noël s’est éveillé à la poésie à l’âge de 14 ans. Il était amoureux comme on peut l’être à cet âge-là, et il a entendu à la radio une chanson de Jean Ferrat : « Aimer à perdre la raison », sur un poème de Louis Aragon. Avec la « Passe magique », c’est une étape de plus dans la double quête amoureuse et poétique qu’il mène depuis lors, où l’on parle d’espoir amoureux plutôt que d’amour, s’agissant d’une improbable rencontre avec un homme lointain, et de tous les doutes, toutes les rêveries que cela suppose. Long poème de méditation, de songeries, d’éblouissements, d’écritures métisses, la « Passe magique » propose un voyage à travers l’Europe et le Maroc, où le désir et l’espoir le disputent pied à pied à la solitude et au repli sur soi.
Serge Noël est né en 1956, l’année du Bois du Cazier et du 20e Congrès de Moscou. Depuis 40 ans, il travaille comme éducateur et animateur dans les quartiers populaires de Bruxelles. À l’âge de 14 ans, il a découvert le maoïsme et le surréalisme, et il n’a cessé de militer dans les milieux de gauche radicale, contre le racisme, contre la guerre, contre les injustices sociales et pour le féminisme. Aujourd’hui, il anime des ateliers d’écriture, des cours d ’alphabétisation pour le compte d’une ASBL qu’il a contribué à créer il y a 20 ans. Son écriture s’est nourrie de surréalisme mais aussi de constats sociaux, et d’aspirations amoureuses.