Personne ne dit entre
Fais comme chez toi
Je me tiens devant la porte La porte avance, passe, recule
Entrer c’est sortir de là
Et trouver comment
Aller quelque part
Dans ce lieu où les portes flottent sur l’eau
De l’autre côté un nénuphar sur l’écran de la télévision
Révélée avec Parler étrangement, qui racontait son exil entre deux langues (le français et l’arabe libanais), Ritta Baddoura nous revient avec un texte qui dit l’écartèlement, la frontière. Mais il s’agit maintenant de l’espace entre dehors et dedans, l’appartement et la rue, les rêves et la réalité. Et dans ce lieu, les pensées flottent, tout s’inverse ; l’arbre du dehors se retrouve de ce côté de la vitre. L’appartement, la ville, les passants, les soldes, les travaux. Et la forêt, les champs, la montagne. Tout est à l’intérieur. Depuis toujours, tout est là, présent à la mémoire. Ce livre raconte l’histoire d’une femme qui, comme le dit Ghérasim Luca, parvient à « s’en sortir sans sortir », une femme, bloquée chez elle, qui fait renaître le monde en ses murs, avec une poésie qui fait du bien.
Née au Liban en 1980, Ritta Baddoura écrit en français. Ses ouvrages de poésie ont été publiés au Liban, en France et en Belgique, et son écriture traduite en plusieurs langues pour des anthologies et des journaux littéraires. Parler étrangement, paru chez l’Arbre à Paroles (collection iF, 2014) reçoit le prix de poésie « MAX JACOB » dans la catégorie Découverte en 2015. Ritta Baddoura a également un parcours de critique littéraire, de chercheuse et de psychologue. Elle vit et travaille en France depuis 2008.