Requiem pour une ville morte
Apocalypse 13 versets 11 à 18
dix heures du soir
quartet en ré-mineur des chiens sauvages
annonçant les préliminaires de la débauche
lugubre lyrique à ne plus en finir
hymne lubrique de l’insomnie
et autres miasmes
par-dessus le marché noir de l’hypocrisie
beaucoup d’hommes
cheveux en laisse
traversant à gué
les forêts de leurs vies sans phares
Requiem æternam dona eis
Domine, et lux perpetua luceat eis
Te decet hymnus Deus, in Sion, et tibi reddetur votum in Jerusalem
À l’évidence, l’écriture de Mwanza Mujila ressemble à une boule d’énergie pure, à un souffle qui entend tout balayer et lancer un cri qui soit à la fois de révolte et de passion. Sauvage et universel, son texte entasse les références et les perspectives dans une sorte de halètement constructeur et désarmant. Il semble d’ailleurs que, par son trajet personnel, le poète soit actif sur tous les fronts à la fois, tant sur le plan de la littérature que sur celui de la présence au monde. Affichant quelque chose de rimbaldien, la course échevelée de ses mots ne laisse jamais de répit à l’image du monde explosif dont elle se fait l’écho. Sans s’encombrer de regards sur la fosse commune du passé, voilà une poésie qui pousse résolument de l’avant, dans le sillage de tous les En avant, route !
Paul Mathieu
Né en République démocratique du Congo en 1981, Fiston Mwanza Mujila vit à Graz, en Autriche. Il est titulaire d’une licence en Lettres et Sciences humaines à l’Université de Lubumbashi. Il a écrit des recueils de poèmes, des nouvelles et des pièces de théâtre. Son premier roman, Tram 83, paru aux éditions Métaillé, a été très favorablement accueilli par la presse et par le public, et a reçu de nombreux prix.